Boris Vildé chef du Réseau du Musée de l'Homme
Héros de la Résistance française contre l'occupation allemande
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Biographie de Boris Vildé

Né le 25 juin (8 juillet) 1908 à Saint-Pétersbourg de parents russes.(1)-(2)

Après la mort prématurée de son père en 1913, Boris a passé son enfance, jusqu'en 1919, dans la maison de ses grands parents maternels dans le village de Yastrebino, district de Volossovo.

En 1919, la famille s'est réfugiée à Tartu en Estonie.(3)(4)

1926: Certificat de fin d'études secondaires du lycée de Tartu.

1926-1928: Etudiant à l'Université de Tartu.

1929 : Compositeur typographe dans une imprimerie de Tartu. Selon certains auteurs, aurait plus ou moins participé à un mouvement séparatiste en Livonie et, pour cette raison, aurait été emprisonné durant une courte période puis exclu de l'Université.

De 1930 à 1932 : Passe en Lettonie en 1930 pour rejoindre l'Allemagne, pays dont il a déjà une bonne connaissance de la langue. Séjourne à Berlin jusqu'en 1932. Y vit pauvrement en faisant des traductions et divers travaux. Trouve un emploi temporaire de lecteur à l'Université de Iéna. Participe à la lutte contre la montée du fascisme. Est arrêté et emprisonné pendant une courte période. A Berlin, rencontre André Gide venu donner une conférence. Celui-ci lui conseille de quitter l’Allemagne et se propose de l'accueillir en France à Paris.

Juillet 1940 : Commence ses activités anti-allemandes en compagnie d’intellectuels parisiens et de collègues du Musée de l’Homme. Ce groupe de résistants se dénommera «Comité National de Salut Public». Au tout début est composé de Boris Vildé, Anatole Lewitzky, Yvonne Oddon, et il s’élargit rapidement à Jean Cassou, Pierre Walter, Léon-Maurice Nordmann, Claude Aveline, Germaine Tillion, Simone Martin-Chauffier, Jacqueline Bordelet, René Sénéchal, Marcel Abraham, Agnès Humbert. Ce groupe de résistants est aujourd'hui cité par les historiens sous le nom "Réseau du Musée de l'Homme".

Août 1940 : Edition des premiers tracts par le groupe de résistants du Musée de l’Homme. En septembre 1940, édition de tracts "Vichy fait la guerre". (8)

15/12/1940 : Avec la collaboration de Jean Cassou, édition du premier numéro du journal «Résistance» dont la première page a été intégralement rédigée par Boris Vildé.

30/12/1940 : Edition du deuxième numéro du journal «Résistance». Trois autres numéros seront encore publiés après l'arrestation de Boris Vildé. (9)

Début 1941 : Boris Vildé s'était rendu en zone Sud afin de «recruter» . Il prend des contacts à Toulouse, Marseille, Lyon, sur la côte d'Azur. Il y rencontre diverses personnalités, dont André Malraux qu'il tente vainement de convaincre de s’engager dans la Résistance.

26/03/1941 à 15 heures, place Pigalle, peu de temps après son retour à Paris, Boris Vildé est arrêté par le capitaine SS Doehring et ses hommes de la Gestapo. (10)

Emprisonné durant 11 mois, d’abord à la Santé puis à Fresnes à partir du 16 juin 1941, il y écrit son "Journal" et ses "Lettres de prison". (11)

Janvier 1942 : Début du procès Boris Vildé et des membres du Réseau du Musée de l’Homme devant un Tribunal allemand. (12)

23 février 1942 : Au Mont-Valérien, Boris Vildé est fusillé ainsi que six autres de ses compagnons résistants compris dans le même procès, Léon Maurice Nordmann, Georges Ithier, Jules Andrieu, René Sénéchal, Pierre Walter et Anatole Lewitsky. (13))

Février 1945 : A Ivry, première commémoration officielle l'assassinat de Boris Vildé et d'Anatole Lewitzky (le Général de Gaulle s'était fait représenté).

Suite biographie de Boris Vildé : Notes complémentaires

1).Père: Vladimir Iossifovitch Vildé, employé des chemins de fer, dispacher, dans la station de Slavienka à proximité de Saint-Pétersbourg. Lieu de naissance inconnu. Décédé de maladie en 1913 à l'âge de 37 ans. Inhumé dans le cimetière de Yastrebino (à côté du village Bécéda, à 120 km à l'Ouest de Saint-Pétersbourg). La sépulture du grand-père maternel de Boris Vildé se trouve également dans ce cimetière. Voir par ailleurs la retranscription de l'acte de baptême de Boris Vildé dans Archives Historiques de Tartu en Estonie, sous les références 2100-1-18317. (Baptême le 16 septembre 1911 à Petrograd - église du prince Mikhael Tchernigof).

2).Mère: Maria Vassilevna Vildé-Goloubeva. Née en 1885 à Yastrebino. Décédée à Riga en Lettonie en 1971 à l'âge de 86 ans. Rissa, la sœur de Boris, est également décédée à Riga en 1967 après y avoir vécu modestement. La maison d’habitation où ils vécurent à Yastrebino jusqu'en 1919 appartenait à Michael Goloubev, frère de Maria Vassilevna, qui l'avait reçue en héritage des grands-parents maternels de Boris. Dans son livre publié en 1982 "L'Homme du Musée de l'Homme" - Editions soviétiques - Moscou, Raït Kovaleva écrit que cette "grande maison de 5 pièces a été donnée" à Maria Vassilevna par son frère après le décès de son mari.

3).Famille composée de Maria Vassilievna Goloubeva-Vildé, mère de Boris et de sa soeur Raïssa, ainsi que Michael Goloubev, frère de Maria Vassilievna. A Tartu, en Estonie, ils vivront notamment 3 rue Leppikskaya, appartement 5 ( dénommée maintenant rue LEPIKU tn).

4).Lors de sa visite à Paris le 30 août 2001, le Président de la République d’Estonie a déclaré à propos de Boris Vildé : «Nous sommes également fiers de l'Estonien Boris Vildé qui a offert à la France le mot Résistance et qui a sacrifié à la France sa propre vie».

Remarque: Né en Russie, de parents russes, ayant des grands-parents maternels russes, il n’existe pas de preuve d’une éventuelle naturalisation estonienne de Boris Vildé, même si sa présence pendant plus de 10 ans en Estonie pouvait le laisser penser. Par ailleurs, une supposée parenté a parfois été évoquée avec l'écrivain estonien Edouard Wildé, né en 1865 décédé en 1933 à Tallinn. Cette supposition s’est fondée, outre l’homonymie de nom, sur le fait que Boris Vildé a traduit en Français tout ou partie d’un roman de cet écrivain : «Casanova fait ses adieux».

Dans son ouvrage "L'Homme du Musée de l'Homme" - Les Ecrivains soviétiques 1982 - Raït Kovaleva fait état d'une note rédigée par B.V Plouganov, un ami de la famille Vildé. Maria Vassilevna Goloubeva, mère de Boris, lui aurait déclaré : "La famille de mon mari était russe, de religion orthodoxe, mais venant peut-être de Lituanie (avant notre mariage, il est s'est rendu à Kaunas pour y chercher des documents). La mère de mon mari parlait polonais".

5).Boris Vildé ne maîtrise pas la langue française lors de son arrivée en France. Voir lettre à sa mère le 8 juillet 1932 dans laquelle il indique qu’il a appris "un peu le français". Pour cette raison, par une petite annonce, il contactera Irène Lot, bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale qui, se son côté, recherchait un correspondant russe. Irène Lot, était la fille de l’historien Ferdinand Lot et de Mirrha Borodina, cette dernière, fille du célèbre botaniste russe Borodine. Elle est décédée en 1987 et est inhumée à Fontenay-aux-Roses, ville où elle fut conseillère municipale de 1947 à 1953. Le couple vivait 53 rue Boucicaut - 92260 Fontenay-aux-Roses dans une belle demeure Louis XV, située dans un parc, occupée par la famille Lot. Une rue de cette localité ainsi qu'un parc portent le nom de Boris Vildé (voir délibération du Conseil Municipal de Fontenay-aux-Rose le 14/11/1944 décidant que la rue du Plessis-Piquet sera dorénavant dénommée "Boris Vildé - Résistant fontenaysien").

6).D'après les pièces de son procès, Boris Vildé a accompli son service militaire d'octobre 1937 jusqu'à juin 1938 dans un régiment d'artillerie à Chalon-sur-Marne avec le grade de brigadier. En septembre 1939 il effectue une période d'entraînement à Chartres avant d'être intégré dans un détachement de défense aérienne.

7).En août 1937, depuis Tartu, il écrit à Paris afin d'organiser des échanges d’objets avec le Musée de l’Homme. Les documents, correspondances manuscrites et travaux de recherches de Boris Vildé se trouvent dans les archives du Musée de l’Homme à Paris sous les références : 2AP1C, 2AM1K, 2AP1C, 2AMI MIC. Voir également les travaux très documentés de Tatiana Benfoughal - Cahiers slaves n° 2 UFR d’Etudes slaves de la Sorbonne.

8).En septembre 1940, Boris Vildé est scandalisé par le contenu du journal clandestin l'Humanité qui présente l'Allemagne, la Russie et l'Italie comme les nouvelles "jeunes nations". A la même époque, ce même journal du PCF appelle les Français à refuser leur soutien au général de Gaulle prétextant qu'il est "à la solde des Anglais".

9).Les 4 premiers numéros originaux du journal clandestin RESISTANCE sont archivés à la BNF (Bibliothèque François Mitterrand) à Paris - Réserve des livres rares. RES-G-1470 (334). Un original portant le n° 2, daté du 30 décembre 1940 se trouve en Russie dans le Musée Boris Vildé à Yastrebino. Le premier numéro a été édité à 500 ou 600 exemplaires et a été essentiellement distribué par voie postale dont les frais - 3000 francs - ont été pris en charge par Boris Vildé. Le numéro daté du 01/03/1941, qui semble être le dernier – numéro 4 ou numéro 5 – a été publié sous la direction de Pierre Brossolette.

10).Les membres du Réseau du Musée de l'Homme ont été trahis par Albert Gaveau, un Français infiltré par la Gestapo dans le réseau. Ancien moniteur de vol à voile, ouvrier mécanicien dans les usines Blériot, il avait su gagner la confiance de Boris Vildé. Gaveau, né à Anger le 26/09/1901 d’une mère de nationalité allemande, domicilié à Paris, se réfugia en Allemagne au moment de la Libération. Revenu peu après en France, il a été arrêté en novembre 1945 dans un chantier de construction de Tournay (Orne) où il s'était fait engager comme comptable. Il a été condamné le 05/11/1949, pour "intelligence avec l'ennemi", aux "travaux forcés à perpétuité" par la Cour de Justice de la Seine et écroué à la maison centrale de Clairvaux le 23/11/1949. Par un décret du 23/11/1953, cette peine a été commuée en 20 ans de travaux forcés. Gaveau avait comme avocat J.L Tixier-Vignancour. Cependant, les premières arrestations de membres du réseau ont été effectuées par la police française après dénonciation par deux employés russes du Musée de l'Homme. Devant le juge d'instruction près la Cours de justice du département de la Seine, Germaine Tillion déposait :

-"D'autre part, deux employés du Musée de l'Homme, tous deux d'origine russe, nommés Fedorovsky et sa maîtresse la femme Erouchkovsky, connaissant d'une manière très vague l'activité de résistance de Vildé et de Léwitzky et d'Yvonne Oddon, avaient spontanément été les dénoncer à la police. C'est à la suite de la dénonciation de Fédorosky et Erouchkowky que fut faite la première série d'arrestations du Musée de l'Homme en février 1941. J'ai dit "arrestation" et non "inculpations" car la plupart des gens arrêtés ce jour-là furent relâchés et ceux qui furent maintenus en état d'arrestation, Lewitzky et Yvonne Oddon, le furent grâce à la suite de l'enquête dont tous les éléments étaient fournis par Albert Gaveau".

11).Le manuscrit "Journal et lettres de prison" a été récemment retrouvé et déposé depuis janvier 2007 à la Bibliothèque nationale – site Richelieu, 58 rue de Richelieu 75002 Paris. (Département des Manuscrits, site Richelieu. Cote référencée "manuscrits français 28118"). Il a été publié par les Editions ALLIA-16, rue Charlemagne-75004. Une édition en langue russe a été publiée à Moscou en 2006 par "Chemin Russe". Voir également "Le Réseau du Musée de l'Homme" par Martin Blumenson édité en 1979 aux Editions du Seuil - 27 rue Jacob 75006 Paris.

12). Tribunal présidé par le capitaine Ernst Roskothen. Le procureur Gottlob qui réclama la peine de mort était un Français alsacien. Le texte du jugement (en langue allemande et traduction en français) des 17 inculpés prononcé par le tribunal militaire allemand se trouve dans le dossier de la procédure intentée après la Libération par la Cour de Justice de la Seine contre Albert Gaveau. Voir Archives nationales - 60 rue des Francs-Bourgeois -75003 Paris. Références : Z6 / 810 dossier 5677. (Dossier accessible seulement sur dérogation).

13).Boris Vildé et ses compagnons ont été inhumés au cimetière d’Ivry dans le Val de Marne (division 39, ligne 4). D'après l'abbé Stok, cette inhumation eut lieu à cet endroit le jour même de leur exécution. A proximité, se trouvent les sépultures des fusillés du "Groupe Manouchian".