Mon cher Oncle,
J’ai bien reçu avec plaisir ta lettre, et je vois que tu as mal au pouce.
Je souhaite que tu guérisses vite tandis qu’à moi je viens d’apprendre
que je vais être fusillé à midi et il est 9 heures, alors
tu vois mes instants sont comptés.
Je compte sur toi pour soutenir moralement ma chère femme et mes
chers enfants. Que ce sera triste pour eux mes pauvres chéris,
aime-les bien pour moi. J'espère la fin de la guerre proche et
que les beaux jours reviendront pour tous. Moi, il ne faut pas trop me
regretter.
C’était
mon destin, mais enfin sois sur que
je meurs sans peur et en bon Français et j’espère que mes idées
se réaliseront et que les horreurs actuelles ne se produiront plus jamais.
J’embrasse
bien Georges et Marie de tout coeur et dis bonjour de ma part aux amis.
Je te souhaite de vivre vieux pour conserver mes enfants dans le bien.
Je te charge d’apprendre la nouvelle à mon oncle Maurice et chez Georgina
et dis-leur que je les embrasse bien fort mais je ne peux écrire
à tous alors courage cher oncle, et je vous souhaite beaucoup de bonheur.
J’écris
à Solange en même temps mais quel coup pour elle, que de mal elle a eu
dans sa vie, elle mériterait bien un peu de bonheur. Tu lui diras
que j’embrasse bien ses frères et soeurs.
Mon cher Oncle, mes chers cousins, je vous embrasse tous pour
la dernière fois bien tendrement. Ton neveu et cousin vous dit
adieu. |